Le premier jour du reste de ma vie
Bon allez, on attaque par du glamour tout de suite.
Lundi dernier à 10h30, je venais de regagner ma chambre à la maternité avec ma super blouse d'hôpital non fermée dans le dos et ma culotte jetable en résille avec deux serviettes taille XXXXXXLLL entre les jambes. De quoi dire que j'étais limite handicapée du bas tellement les serviettes étaient énormes. Bref !!!
A mes côtés, il y avait ce petit être mais punaise, qu'est ce qu'il est beau. Mes yeux ne décollent pas, "il est beau, hein???" que je répète à chéri toutes les minutes. Pendant ce temps, j'ai droit à tout un tas d'examens (prise de sang, prise de température RECTALE (oui, oui, sur mon lit devant chéri par la SF) ) mais je m'en fous, mon bébé est là, si calme, si beau, putain mais comment est il possible d'aimer déjà si fort????
Pourtant, j'ai eu peur, peur de le perdre ce bébé, jusqu'au bout, jusqu'à la délivrance, nous aurons eu peur de le perdre.
Tout commence dimanche dernier, au moment du pointage, quelques contractions qui veulent bien dire que la fin n'est pas loin. Tout s'accelère à 18 heures, des contractions beaucoup plus douloureuses toutes les 20 minutes. Chéri travaille mais on s'envoie des SMS régulièrement, je lui dis que maintenant il va devoir rédiger ses articles beaucoup plus vite.
Ma maman arrive aussi ce soir là, c'était prévu, elle arrive en train à 21h00.
Je patiente, j'ai peur, je termine mes valises, je me dis que ça y est la rencontre est pour dans les heures à venir.
21h00, les contractions sont de plus en plus fortes, elles se sont rapprochées, maintenant, ce sera toutes les 5 minutes. J'appelle chéri toujours au travail "bon maintenant, il faut te manier, ça craint et ma maman est bloquée à la gare elle attend un taxi, je suis incapable de laisser un trousseau de clé à la gardienne".
21h30, chéri arrive: "bon qu'est ce qu'on fait?", "ben on attend, cela ne fait pas encore deux heures que j'ai des contractions toutes les 5 minutes"
22h00, "oh ma chériiiiiiiiiiii !!!!!!! j'ai choisi le bon jour", ma maman arrive, on mange, enfin je tente, moi qui adore les carottes rapées, là je trouve qu'elles ne sont vraiment pas terribles.
22h30, je passe sous la douche
23h00, "chériiiiiiiiiiiiiii, tu peux aller chercher la voiture".
23h15, un dernier baiser à ma maman et à ma bête à poil, je suis à la limite de pleurer, un dernier coup d'oeil à la chambre du bébé, je flippe.
23h25, arrivée à la mater, je souffle, le brancardier me propose un fauteuil quand il me voit pencher sur la voiture. "Non, non, je gère". Je douille.
23h30, arrivée à la mater service salle de naissance. Je suis prise en charge toute de suite, col ouvert à 1, contractions toutes les 5 minutes, monito pendant une demi heure et là, ils estiment que je peux rentrer, mes contractions ne sont pas assez fortes. DE QUOI??????? Mais je douille moi. "A toute à l'heure Madame Salome".
00h30, nous sommes à nouveau dans la voiture, retour à la case départ, d'un seul coup, les contractions deviennent beaucoup plus fort
00h40, "coucou maman, nous revoilàà, aaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhh, ouf, ouf, ouf, chéri masse moi, non, non arrête, c'est pire". Oui la femme enceinte sur le point d'accoucher dans toute sa splendeur.
00h41, "aaaaahhhhhhh"
00h42, "aaaaaaaahhhhh, putain, mais elle est vraiment conne l'autre, je suis en plein travail là"
00h43, je suis à quatre pattes sur mon lit, ben oui, je teste plein de positions pour me soulager et là, je crie à chéri "tu peux aller rechercher la voituuuuuuuuuuuuuuuuuuuuure". je comprends enfin ce que sont les vraies contractions de travail, effectivement les autres c'était du pipi de chat à côté.
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Bon les heures sont approximatives mais je vous assure que les minutes ont été longues.
Je crois ensuite que nous sommes arrivés à nouveau à la mater vers 1h45, cette fois ci le brancardier est obligé d'aller chercher un siège roulant, je n'arrive pas à attraper mon sac à main, je n'arrive pas à sortir de la voiture. Je gémis, chéri me dit "chut". Non mais il rigole lui, je gémis deux fois plus parce qu'il m'a énervé.
Retour en salle de naissance "ooooooooohhhhh mais vous étiez là toute à l'heure!!!!! Allez on va vous examiner. Mon col est ouvert à 3, on me demande si je veux la péri, un "ouiiiiiiiiii" sort de ma bouche alors que je garde les dents serrées.
Nous allons nous installer dans une autre pièce, chéri m'aide à me rhabiller, finit les culottes qui volent habituellement, cette fois ci, il me remet ma culotte, bizarre cette sensation d'ailleurs.
Je m'installe sur le lit, l'anesthésiste arrive, prépare son matériel, et hop c'est parti. 10 minutes plus tard, au revoir la douleur, bonjour le bien être. C'est vraiment le pied la péri, je love grave la péri.
Il est 2h18 ou 2h38, je ne sais plus. S'en suivent des heures d'attente, de touchés vaginaux, de somnolence.
La sage femme me propose d'aller toucher sa tête, me voilà avec mes doigts dans ma mounette, il est si proche, putain, je vais être maman.
7h10, tout s'accelère, col ouvert à 10, un bébé bien descendu, il est l'heure de pousser, on s'entraine avec la sage femme. Je suis nulle, je ne sens rien, tout reste au niveau de la gorge. "C'est pas grave" me dit elle.
Et d'un seul coup, tout bippe, mes appareils, les appareils de bébé.
J'ai de la fièvre, je frissonne, bébé est en tachycardie, il souffre, il a avalé ses selles.
Alors que nous n'étions que 3 dans la pièce, cette fois ci nous sommes le double, j'ai peur, la sage femme derrière son masque tente de me lancer des regards qui veulent être rassurants mais je lis au fond son inquiètude.
La doc arrive, il faut se dépêcher, je tente toujours de pousser mais impossible, je n'y arrive pas, pourtant j'étais super bonne au cours de prépa. Ca m'énerve, j'ai toujours aussi peur, ça sonne toujours autant partout, on me prélève en même temps, on m'injecte des antibio, je regarde chéri, il a peur aussi.
On ventouse la tête de bébé, on me demande quand même de pousser, j'essaye encore et toujours, je peux vous dire qu'à ce moment là, si je suis en train de faire popo, je m'en tape complètement.
La doc n'arrive pas à l'extirper, il faut dire que je ne l'aide pas beaucoup, une fois, deux fois, trois fois, chéri se sent mal, il doit sortir, quelqu'un vient le soutenir, j'ai peur aussi pour lui maintenant, mon coeur s'affole on me demande de me calmer.
Et puis d'un seul coup, j'entends "pousser une dernière fois pour les épaules". Je comprends enfin que la tête est sortie que nous y sommes, on me propose de venir chercher mon bébé, il est tout rond, il est tout bleu, je ne m'inquiète pas la sage femme nous avait dit qu'ils étaient bleus et qu'ils devenaient roses rapidement, c'est le cas. Il le récupère rapidement pour aspirer ses voies respiratoires.
Entre temps chéri est revenu juste au bon moment.
Je pleure, je demande à tout le monde si ça va, chéri, bébé, sage femme, doc. Je suis un peu perdue.
Chéri part avec la sage femme et le bébé dans une pièce à côté, de mon côté on continue les soins, on recoud l'épisio, tout se termine bien, oufffffff.
Chéri revient avec le bébé, avec notre Nathan, 4kg030, 53cm, punaise, qu'est ce que je suis fière, on lui met une couche et on viendra le mettre en peau à peau durant 2 heures. Il est si calme, il a également de la fièvre, il a les yeux grand ouverts, ses épaules paraissent énormes, il bouge beaucoup ses petits bras, nous ne l'entendrons pas pendant ces deux heures.
10h30 le 27 juin 2011, voilà, j'ai regagné ma chambre, vous comprenez maintenant pourquoi je me suis retrouvée avec un thermomètre rectal devant chéri, je serai suivi de très près tout au long de la journée.
A ce jour, nous ne savons toujours pas pourquoi cette fièvre, il est possible que cela provienne du travail qui a été long.
Voilà, une nouvelle vie s'ouvre à nous, qu'elle est belle cette vie!!!!!!!
Encore ce soir, je pleurais en disant à chéri que jamais je n'avais pensé que l'on pouvait autant aimé, je le kiffe tellement ce petit être, j'ai déjà tellement besoin de lui, je l'ai dans la peau.